Le marché crypto en quête de direction

Au cours de la semaine de trading écoulée, les investisseurs ont surtout vu apparaître des chiffres rouges sur leur écran. Juste avant le week-end, le prix du bitcoin a fortement rebondi, mais le soulagement s’est révélé temporaire : dimanche soir, les gains avaient été plus que perdus. Sur quoi repose l’incertitude actuelle des investisseurs ? Vous en saurez plus dans ce Bitvavo Market News.

Dernières infos sur le marché

Vendredi à 16 h 00, le président de la Fed, Jerome Powell, a prononcé un discours lors de la conférence des banquiers centraux à Jackson Hole. Dans les discours qu’il y a donnés les années précédentes, Powell avait mis en avant des points qui ont ensuite marqué sa politique dans la période suivante. En sera-t-il de même cette fois-ci ?

La banque centrale américaine poursuit deux objectifs principaux : maintenir la stabilité des prix et garantir le plein emploi. Ces deux mandats peuvent souvent entrer en conflit. Stimuler l’économie, et donc l’emploi, risque de faire monter l’inflation. À l’inverse, lutter contre l’inflation en resserrant la politique monétaire peut peser sur l’emploi.

En arbitrant entre les deux risques — l’inflation et le chômage — Powell a clairement privilégié la lutte contre l’inflation l’an dernier, celle-ci restant supérieure à l’objectif de 2 %. À cela se sont ajoutés les droits de douane à l’importation, tandis que le marché du travail demeurait solide. Résultat : une politique monétaire légèrement restrictive, avec des taux d’intérêt fixés, dans le jargon de la banque centrale, « au-dessus du niveau neutre ».

Dans le discours de Powell vendredi après-midi, le ton a toutefois légèrement changé. Il s’est montré moins préoccupé par les droits de douane et davantage attentif au marché du travail. L’équilibre s’est déplacé et la porte à de nouvelles baisses de taux d’intérêt est entrouverte. Les marchés financiers ont aussitôt réagi à cette annonce. ETH, SOL et XRP ont gagné plus de 10 % en quelques heures. Le BTC est resté en retrait avec une hausse de 4 %. Au total, cela représente un gain de 7 % pour le marché des cryptomonnaies dans son ensemble.

La semaine à venir montrera si les marchés croient réellement Powell et si cette hausse marque le début d’une nouvelle tendance. Pour l’instant, nous ne constatons pas cela sur le marché des cryptomonnaies. Au cours du week-end, la plupart des gains ont été effacés. Une baisse de 4,5 % nous a ramenés dans la fourchette de prix observée mercredi, jeudi et vendredi derniers.

On en parle

Bitcoin comme nouvelle sortie de secours

En 2022, le Liban a connu une profonde crise financière. Les citoyens qui ne pouvaient pas retirer leurs économies ont parfois pris d’assaut leurs propres banques, armés, dans certains cas, de fausses armes, dans le but de récupérer leur argent. Les juges ont adopté une approche étonnamment clémente. Il s’agissait d’actes de désespoir après des années de restrictions de retrait et de mauvaise gestion à la fois par le gouvernement et par les banques.

Cela peut sembler être un problème lointain, mais cela touche à une vérité universelle : notre système financier repose sur la confiance. Lorsque vous déposez de l’argent dans une banque, vous faites confiance à cette institution pour le protéger et le prêter de manière responsable. Cela fonctionne tant que la confiance est maintenue, et c’est généralement le cas. De plus, aux Pays-Bas, cela est soutenu par des filets de sécurité très étendus, conçus pour fonctionner même face à de graves crises.

Mais que se passe-t-il si cette confiance se fissure malgré tout ? Il est alors intéressant de voir comment les gens réagissent. Une étude menée en 2024 a montré que les cryptomonnaies deviennent de plus en plus un échappatoire dans ce type de situations. Les chercheurs ont examiné la prime sur les credit default swaps (CDS) — une assurance contre un défaut souverain. Leur constat : lorsque les spreads de CDS augmentent de 10 %, le nombre de téléchargements d’applications crypto croît de 2,9 % à 4 %.

En d’autres termes, dès que les citoyens sentent que leur gouvernement ou leur système bancaire vacille, ils sont plus susceptibles de se tourner vers le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies. Ce schéma a été observé dans des pays comme l’Argentine, la Turquie et le Venezuela, ainsi que lors des crises de la dette au Sri Lanka, en Grèce et en Équateur. C’est une preuve tangible que l’idée du Bitcoin comme système financier alternatif n’est pas seulement le récit des maximalistes. Les gens passent à l’action dès que leur confiance dans un État ou dans le système bancaire s’effondre.

Pendant des siècles, l’or a joué ce rôle. Lorsqu’un bouleversement géopolitique survient, l’or reste l’actif refuge par excellence, en particulier pour des institutions comme les banques centrales. Le Bitcoin n’occupe pas encore cette place, mais la différence, c’est que le Bitcoin apparaît précisément dans le viseur des citoyens quand l’État lui-même devient le problème. Cela en fait une nouvelle forme de sortie de secours, ou comme l’appelle Larry Fink de BlackRock, une « valeur refuge ».

Autres actualités

• La Chine et le Japon avancent avec leurs propres stablecoins. Pékin explore pour la première fois des stablecoins adossés au yuan comme moyen de donner davantage de poids au renminbi à l’international. Cela est notable car, jusqu’ici, la République populaire s’était engagée fermement en faveur de la monnaie numérique de banque centrale. Au Japon, le premier stablecoin en yen a été approuvé, intégralement adossé à des dépôts et à des obligations d’État. Deux puissances asiatiques utilisent donc la même technologie pour renforcer leur monnaie.

• BTCS lance le tout premier « bividende » en ether. Les actionnaires recevront jusqu’à 0,40 $ par action versés en ETH, une première pour une entreprise cotée en bourse. L’idée : l’ether génère un rendement naturel via le staking qui peut être redistribué — ce que les entreprises Bitcoin ne peuvent pas faire. Cela distingue BTCS des sociétés de trésorerie en Bitcoin comme Strategy : alors que le Bitcoin agit uniquement comme réserve, l’ether permet de verser des récompenses similaires à des dividendes directement issues des revenus du protocole.

• L’UE accélère ses projets pour un euro numérique. À la suite du GENIUS Act américain, les craintes grandissent à Bruxelles que les stablecoins en dollars supplantent l’euro. Pour la première fois, l’utilisation de blockchains publiques comme Ethereum ou Solana, plutôt qu’une variante fermée, est sérieusement envisagée. Cela pourrait aider l’euro à circuler plus largement à l’échelle mondiale, mais soulève aussi des inquiétudes en matière de confidentialité. La pression de Washington pousse l’Europe à passer à la vitesse supérieure.

• Block de Jack Dorsey lance Proto Rig et Proto Fleet. Fini les machines jetables : place aux mineurs de bitcoin modulaires avec des pièces facilement remplaçables et une durée de vie pouvant atteindre dix ans. Associés à un logiciel open source pour gérer les rigs, ils promettent des coûts réduits et une efficacité accrue. Dorsey souligne que l’objectif n’est pas la spéculation, mais l’utilisation du Bitcoin comme monnaie du quotidien. La bataille pour la décentralisation se joue aussi dans les baies de serveurs.

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